Qui est Fahimeh Robiolle ?

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Lors du récent soulèvement du peuple iranien, le régime des mollahs a tenté la promotion de quelques activistes à l’étranger dont le parcours politique ne va plus loin que le soulèvement qui a eu lieu après la mort de Mahsa Amini par la police des mœurs en septembre 2022.

Certains d’entre eux rentraient tout juste de leurs fréquents voyages en Iran, lorsqu’on leur avait confié la tâche d’influencer les mouvements d’opposition à l’étranger en créant des associations et des organisations fantoches. Ces gens devaient reprendre les principales lignes de communication médiatique voulue par le régime à l’extérieur du pays. Autrement dit : déformer et réduire les revendications du peuple iranien et surtout tracer une ligne de démarcation avec l’opposition organisée qui appelle à un changement du régime.

Au-delà l’amateurisme régissant les activités de ces personnes, certaines, plus expérimentées se sont fait connaître.

Fahimeh Robiolle experte autoproclamé dans l’art de négocier avec les Occidentaux et d’éventuelle médiation avec Téhéran, même sur la délicate question nucléaire. Dans ce dossier précis, elle dispose d’une expérience de longues années pour avoir travaillé au CEA. Une compétence dont les mollahs ont grandement besoin.

Mais comment effacer son passé lorsqu’on a vendu l’illusion de la capacité de réforme d’un régime sanguinaire et incorrigible. Un produit qui n’a plus d’acheteurs au vu des vagues de répression brutales dont le monde entier a été témoin ces dernières années. C’est là que Fahimeh, 73 ans, tire un trait sur 70 ans de sa vie, s’efforçant d’utiliser une loi européenne qui permet le “droit à l’oubli” sur google. Elle essaie de profiter de cette opportunité pour effacer toutes ses traces sur Internet : ses écrits, même ses articles scientifiques, ses discours et tout ce dont jusqu’à hier elle était fière et mettait en valeur comme curriculum vitae. Son parcours est désormais à l’image de tous les nouveaux venus qui tentent de paraître plus radicaux que les autres : de nombreuses interviews sur le soulèvement du peuple iranien et des retweets quotidiens de dizaines de postes sur le réseau X (anciennement Twitter) sur la répression en Iran.

C’est là que certains lui demandent : « De quoi as-tu honte à travers ton passé ? Que devrions-nous oublier de toi ? Quelqu’un qui dit avoir toujours fait un travail académique ou humanitaire, pour quelle raison a-t-il effacé son passé, ou plutôt, que cherche-t-elle à cacher ? »

Mais l’apparente changement de position de Fahimeh ne signifie pas qu’elle abandonne son soutien à la dictature pour rejoindre le camp des démocrates. Cela se voit dans ses messages sur le réseau X, qui font ouvertement l’éloge du fils du Chah et de la dictature monarchiste.

C’est pourquoi, la flèche du Fahimeh vise la seule force organisée de l’opposition iranienne, à savoir l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) composante principale du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).

Après une réunion le 30 janvier du Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID) – composée de dizaines de député.e.s qui œuvrent depuis plus de 15 ans pour la réalisation des droits du peuple iranien – à la salle Victor Hugo de l’ Assemblée nationale, Fahimeh Robiolle fustigent les parlementaires français pour avoir invité à leur colloque, Mme Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, aux côtés d’Ingrid Betancourt et de l’ancien premier ministre belge, Guy Verhofstadt.

En reprenant à

son compte

les étiquettes de la Savak (police politique du chah) contre l’OMPI et en qualifiant de « terroristes »

les résistants iraniens, elle oublie vite que le seul pays qui considère la Résistance iranienne comme terroriste reste la « République islamique d’Iran ».

Ce professeur de négociation a le talent de danser aux rythmes des deux régimes dictatoriaux en un seul tweet.

Fahimeh Robiolle déclare dans une interview vidéo que depuis 2008, c’est-à-dire sous la présidence de Mahmoud Ahmadinedjad, elle a officiellement obtenu un poste à l’université Shahid Beheshti en Iran. Selon ses propres déclarations, ce poste lui est attribuée par une personne “très, très bonne et rare”. Dans les publications gouvernementales elle est présentée comme “Mme le docteur Fahimeh Robiolle, consultante et animatrice de séminaires sur la négociation et la gestion des tensions, travail d’équipe et leadership”. L’Université Shahid Beheshti située à Bushehr (sud) est affiliée à une institution gouvernementale en Iran. L’un des contenus de sa formation consiste à la formation du méthode « gagnant-gagnant » en matière de négociations. C’est le même code sur lequel Hassan Rohani insistait pendant sa présidence et pendant cette période des négociations, le considérant le moyen de garantir les intérêts des mollahs.

 

Fahimeh Robiolle a été acceptée comme professeur d’université en Iran pendant l’une des années les plus sombres pour les universités iraniennes, l’ère Ahmadinedjad, lorsque le système universitaire du pays était sous le contrôle spécial du Ministère de Renseignements et de Sécurité, et où des dizaines de professeurs mécontents des universités ont été licenciés et des milliers d’étudiants mécontents ont été « marqués » afin d’être priver de l’éducation.

 

 

 

Avant son nouvel âge de trois ans, Fahimeh se rendait régulièrement en Iran et en revenait sans aucun problème. Après les massacres des manifestants en 2017-2018 partout en Iran et surtout pendant le soulèvement du novembre 2019, au cours duquel, selon l’agence de presse Reuters, plus de 1 500 manifestants ont été tués sur les rues en seulement trois jours, elle continue ses tournés d’enseignement en Iran. Cette combattante infatigable de femme, vie, liberté, a même encouragé les touristes étrangers à venir en Iran pour voir la beauté de ses paysages.

Jusqu’au soulèvement de Mahsa, Fahimeh Robiolle n’avait jamais parlé de la souffrance et de la pauvreté du peuple iranien ni de l’oppression dont souffrent particulièrement les femmes iraniennes, pas même dans une publication sur Facebook ou Twitter.

Son message adressé aux parlementaires français pour discréditer l’opposition démocratique des mollahs, qu’il soit l’expression de la colère du régime qui manipule de nombreux tentacules contre la seule

opposition organisée en Iran, ou qu’il soit le résultat de son ralliement au camp des royalistes, se trouve assez éloigné de la volonté du peuple iranien de rejeter le Chah et les mollahs en faveur d’une république démocratique et laïque fondée sur la volonté populaire.

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